lundi 13 mai 2013

Une nuit blanche aux Proms, avec des Hommes en Noir

Le 18 avril, la BBC annonçait que les Stranglers allaient participer aux "Proms". 
Ce nom n'évoque peut-être rien aux Français, Belges ou Suisses qui lisent ce blog mais certainement pas à nos voisins d'Outre-Manche. Les Proms sont en effet une institution britannique au même titre que la royauté, le five'o clock tea ou la relève de la garde devant Buckingham.

Apparu en 1895, c'est un des plus vieux festivals de musique classique au monde avec le festival de Bayreuth fondé par Wagner himself en 1876. Mais au contraire de Bayreuth où il est de bon ton d'arriver en robe du soir et smoking, vous pourrez garder vos Doc Martens et vos tee-shirts du PSG (ou de l'OM ou du Standard de Liège) si vous vous y rendez. Le festival se veut en effet populaire, conformément au souhait de son fondateur d'ouvrir la musique classique au plus grand nombre. D'où le système de vente de places debout à un prix défiant toute concurrence qui donne d'ailleurs son nom au festival, Proms étant l'abréviation de Promenade.

Si tous les grands noms de la musique classique se sont produits un jour ou l'autre aux Proms, les Stranglers ne sont pas tout à fait les premiers rockers à s'y produire. Soft Machine les a précédés en 1970 et en a tiré un album live intitulé logiquement "Live at the Proms" (écoutable sur Youtube à défaut d'être disponible sur une plate-forme de téléchargement). Robert Wyatt se souvient de ce moment mémorable : "Avant que notre tour n'arrive, je suis sorti à l'arrière pour fumer et le portier a refusé de me laisser rentrer. Mais je dois jouer là, ai-je dit. Tu dois plaisanter, fils, a-t-il répondu. Ils jouent seulement de la vraie musique ici." Nigel Kennedy, le décidément très rock violoniste classique, a invité Jeff Beck à jouer avec lui en 2008. Depuis quelques années, les artistes électro ont également droit de cité : deux nuits spéciales ont ainsi été consacrés à Nitin Sawhney et à Goldie en 2007 et 2009.

A l'annonce du programme de cette année, qui comprend également un rappeur anglais, les critiques se sont déchaînées. Sur le site du Daily Mail, un tabloïd anglais, la majorité des commentaires étaient des variations sur le thème "l'Angleterre court à sa ruine". Des variations parfois très poétiques comme dans celle-ci que je ne résiste pas à vous traduire : "Mort d'une culture, mort d'une nation qui fut autrefois grande, maintenant que les êtres inférieurs rampent sur les ruines d'une civilisation." Le souci de vérité m'oblige à dire cependant que c'était le rappeur qui concentrait la majorité des commentaires négatifs. Les vieux groupes punks seraient-ils en voie d'acceptation en Angleterre ?

Les Stranglers en concert aux Proms le 12 aout 2013 au Royal Albert Hall de Londres : programme complet
Les réservations pour les places assises sont ouvertes sur le site dédié à partir du 11 mai. Les places debout sont vendues sur place le soir du concert uniquement (5 £).

Par Cécile 

Aucun commentaire: